Pour comprendre ce que ce « Film porno » est ou n’est pas — ni du cinéma, encore moins de la pornographie —, il faudrait revenir sur ces années révolutionnaires où le geste d’écrire, de peindre ou de filmer n’était pas distinct d’une logique de vie, de création, de libération. Revenir à ce temps où les deux acteurs de ce film super 8 aussi court que muet, Pierre Clémenti et Caroline de Bendern, n’étaient pas encore tout à fait des icônes d’une révolution culturelle en marche mais simplement les deux enfants naturels de Marx et de Coca-Cola.

Ce film n’a pas vraiment de statut, il ne rentre pas dans le corpus spécifique de l’oeuvre picturale d’Olivier Mosset, il ne figure pas non plus dans la filmographie aujourd’hui historicisée du groupe Zanzibar (créé un soir de mai 1968), il se raccroche plus sûrement au processus de prise photographique de Mosset, production aléatoire émancipée du sujet et de la représentation. « Film porno » est juste une séquence extraite de l’histoire, un moment abstrait qui compose avec le réel, le hasard, le hors-champ du désir et qui garde sa seule dimension de film. Un film est un film. SM

To understand what this “Film Porno” is or isn’t—it isn’t cinema, and certainly not pornography—one would have to go back to those revolutionary years when the act of writing, painting, or filming couldn’t be separated from the process of life, creation, and liberation; to go back to an era when the two stars of this super-8 film (as short as it was silent), Pierre Clémenti and Caroline de Bendern, weren’t yet the icons of an unfolding cultural revolution but simply the two illegitimate children of Marx and Coca-Cola. This film doesn’t have any real status ; it isn’t listed in the official corpus of Oliver Mosset’s pictorial works, doesn’t appear in the (now historicized) filmography of the Zanzibar group (created one night in May 1968), but can be more surely related to Mosset’s photographical oeuvre, a process of random production emancipated from the subject and from representation. “Film Porno” is only a sequence taken from history, an abstract moment dealing with reality, with chance, with the part of desire that remains off-camera—and sticking to its one dimension, that of a film. A film is a film. SM